Toponyme

Aïn Melliti, Sidi Abadallah Melliti / Sidi Abadallah Meliti / Sidi al Milliti

Emplacement

36.49° N, 9.173° E, h. 647 m.

Sommet et pente sud-est d’une colline à l’ouest du village d’Aïn Melliti. Les champs de terre noire sont utilisés pour la céréaliculture et en moindre mesure pour les oliveraies et figueries.

Description

L’établissement est composé de 4 unités.

1. La plus petite et la moins bien conservée est constituée d’une ferme pourvue d’un bloc d’ancrage et de deux contrepoids (TO001[Fiche], TO002[Fiche], TO003[Fiche]), dont un réutilisé en position verticale comme orthostate. La ferme est construite sur une pente de 10 m de dénivellation, exposée au sud-ouest ce qui est idéal pour l’oléiculture; en haut, des faitages de murs affleurent, ils pourraient appartenir à des citernes.

2. La deuxième unité est constituée d’une citerne construite sur la même pente et orientée dans la même direction que celle de l’unité 1. La citerne est composée de trois camerae (CI001[Fiche], CI002[Fiche], CI003[Fiche]) juxtaposées et voûtées communiquant à travers trois arcs dans chacun des deux murs de division. Les angles intérieurs est et ouest sont arrondis. Les voûtes partiellement écroulées dans le secteur sud conservent le revêtement d’enduit étanche de tuileau appliqué sur une couche de préparation de chaux qui contenait des roseaux posés longitudinalement. La citerne était en même temps la basis villae: elle soutenait une structure (aujourd’hui rasée à même le sol) en opus africanum munie d’un pavement à mosaïque qui conserve trois tesselles blanches amorcées dans la couche de préparation d’enduit étanche de tuileau. Des tesselles blanches de petit module ont été ramassées à la surface. Le mur latéral est en opus vittatum de la citerne est visible. Devant ce mur on a ramassé la moitié d’une pièce de monnaie en bronze de Justinien I ou plutôt un follis de Maurice Tibère frappée par la Monnaie de Nicomedia entre 582 et 602. Le mur parallèle posé en bas vers le sud-est semble délimiter la structure. Le mur perpendiculaire constitué seulement de blocs équarris pourrait être construit pendant une phase tardive.

3. La troisième unité consiste d’une grande ferme construite en opus africanum (appareil à cadre et à remplissage) sur le plateau du sommet de la colline. La chaîne d’angle nord-est conserve neuf assises superposées de blocs bossés, et fournit ainsi une idée de la monumentalité des fermes antiques et de la solidité de la technique de construction en opus africanum, même si le remplissage d’opus vittatum a disparu. L’appareil à cadre appartient au mur périmétrique sud-est du torcularium pourvu d’une fenêtre à 2,58 m de hauteur et d’un bloc d’ancrage (TO004[Fiche]) à l’est de la fenêtre (RE010[Fiche], RE011[Fiche], RE012[Fiche], RE013[Fiche]). Les deux blocs d’ancrage (TO005[Fiche], TO006[Fiche]) et les trois linteaux (RE001[Fiche], RE002[Fiche], RE003[Fiche], RE004[Fiche]) écroulés sur la pente raide devant le mur périmétrique ont dû être insérés au même niveau que le bloc d’ancrage et la fenêtre in situ au premier étage. Peut-être dès l’époque byzantine les carreaux inférieurs de l’opus africanum étaient vidés de l’opus vittatum et remplis de spolia, de blocs équarris et de fragments de linteau des fenêtres de la même façade sud-est. Le montant est de la fenêtre in situ comporte une encoche carrée et le montant ouest une encoche en forme de L: les deux encoches servaient au logement de la sera horizontale. Le linteau de la fenêtre est pourvu de deux encoches destinées au logement des tenons des deux volets. Ces encoches sont en forme d’un quart d’un cercle aux deux angles entourés par le ressaut. En bas les volets étaient logés dans les deux rainures qui s’abaissent comme des rampes vers les côtés extérieurs de la feuillure intérieure de l’appui-fenêtre. Dans le mur perpendiculaire nord-est l’appui d’une fenêtre (RE009[Fiche]) est conservé également in situ. Celui-ci aussi est pourvu de deux rainures qui s’abaissent vers les côtés extérieurs du vantail et qui étaient destinées au logement ou rechange des deux volets.

L’extrémité nord-ouest de la ferme est occupée par la Koubba de Sidi Abdallah Melliti entourée du cimetière moderne. Sa coupole est désormais écroulée; elle englobe des fragments de colonnes antiques (CO001[Fiche], CO002[Fiche], CO003[Fiche], CO004[Fiche]). Deux montants in situ à côté du puits moderne en bas de la façade sud-est servent aussi à la vénération du saint; des cierges sont placés dans les encoches de la sera. La façade nord-ouest englobée dans la Koubba (KB001) a été construite de blocs lisses, taillés soigneusement, bien adhérents entre eux dans la mise en œuvre. Les assises très régulières sont à décrochement pour favoriser l’emboîtement (v. site 61). Les deux blocs de l’angle est de cette façade présentent cinq trous destinés au logement des poutres du plafond, et fournissent aussi le niveau de l’enterrement du monument. Le style de la façade nord-ouest contraste à celui des façades sud et est. Le nom de Sidi Abdallah Melliti pourrait être dérivé du cognomen Mellitus, Melitianus, connu en Afrique Proconsulaire à Thibursicum Bure (1) (ILAfr507.02), Thugga (2) (MAD 656), Carthago (2), Mactar (1), Thibursicum Numidarum (1) et Theveste (1). Le cognomen Mellitus en Afrique apparaît 13 fois, dont 8 en Numidie; en Europe 18 fois, dont 8 à Rome.

Les orthostates à l’intérieur de la façade sud-est sont taillés soigneusement: l’instrument du tailleur de pierre a laissé des rainures parallèles ou disposées à triangles. Trois plate-bandes à un ou deux côtés brefs obliques désormais ex situ devaient être englobées dans les murs du torcularium. Un édifice semble être appuyé, dans une phase secondaire, à la façade sud-est du torcularium de la ferme, même si les deux structures ont un bloc de fondation en commun.

4. La quatrième unité à mi-côte de la colline consiste en une église de plan central (EG001[Fiche]), à calotte ou coupole d’arête soutenue par quatre ou huit arcs donnant accès à des pièces périphériques voûtées qui terminent en abside semi-circulaire à l’intérieur, et rectiligne à l’extérieur. Aujourd’hui on remarque seulement quatre des huit arcs et pièces. Le plan de l’espace central est un demi-octogone. Les arêtes de la coupole sont soutenues par des consoles monolithiques pourvues d’une encoche au centre du côté antérieur, destinée au logement de la pointe de l’arête. Le tambour de la coupole est percé de grandes fenêtres à arc qui illuminaient l’intérieur de l’église tout en allégeant la construction. Les impostes des arcs des fenêtres sont englobés dans de robustes piliers ressemblant aux contreforts semi-circulaires à l’extérieur et aux montants droits à l’intérieur. Les arcs et les montants des fenêtres constituent le tambour de la coupole. La face supérieure sphérique de la coupole et la surface plane des piliers-contrefort étaient enrobées d’enduit étanche de tuileau appliqué sur un couche de préparation (nucleus) d’éclats en calcaire blanc, comme l’extrados des voûtes des pièces périphériques. Les parois verticales extérieures et les parties verticales des pilier-contreforts étaient aussi revêtues de conduit de tuileau de même que la totalité de l’extérieur était renfermée dans une gaine d’enduit étanche. La même caractéristique a été relevée dans l’église à quadrifolium de Numluli(s).

Les murs sont en opus vittatum, des dalles à trapèze sont mises en œuvre comme appui-fenêtre constituant un espèce d’anneau octogonal intérieur. Les consoles de la coupole sont posées sur le joint des appuis-fenêtre qui correspondent aussi à l’angle de 160° entre les pans du mur de l’octogone. Les impostes des voûtes des pièces périphériques sont également constitués de dalles. Les deux pièces jumelles du côté est sont pourvues d’une couverture différente: la pièce nord-est est couverte d’une voûte à berceau, la pièce sud-est de deux voûtes d’arête juxtaposées à l’intérieur, formant un extrados à berceau ininterrompu à l’extérieur. Le mur ouest de la pièce sudest comprend une porte qui s’ouvre vers la salle octogonale centrale. Le linteau de la porte présente un profil semi-circulaire vers la salle et rectiligne vers la pièce sudest; ce côté du linteau conserve les saignées de carrière. Ces encoches étaient invisibles du fait qu’elles étaient couvertes de la maçonnerie qui remplissait l’intrados de l’arc de décharge surmontant la porte. Elles facilitaient en outre la prise entre le linteau et la maçonnerie en opus vittatum de l’intrados. La pièce sud était couverte d’au moins deux voûtes d’arête juxtaposées. Le côté ouest ne semble pas être symétrique au secteur est. Trois lobes de la salle se profilent à fleur de sol. L’opus vittatum de sa maçonnerie est intercalé de dalles à la hauteur des calottes des absides.

Mobilier Fragment de meule manuelle dormante en lave noire (MM001[Fiche]).

Citations site

Carton 1895, 281-4.

de Vos and Attoui 2013, 158.

Bibliographie

Carton, L. B. C. (1895). Découvertes épigraphiques et archéologiques faites en Tunisie (région de Dougga). Paris: Leroux. Bibtex
de Vos, M. and R. Attoui (2013). Rus Africum. Tome I: Le paysage rural antique autour de Dougga et Téboursouk: cartographie, relévés et chronologie des établissements. Bibliotheca Archaeologica, 30. Bari: Edipuglia. Bibtex

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