Toponyme

Aïn al-Mattouia

Emplacement

36.38° N, 9.155° E, h. 513 m.

Butte inculte enfermée entre deux cours d’eau, Aïn Hammam et Aïn Morra qui alimentent une retenue d’eau en correspondance de leur point de confluence.

Description

La ferme est construite sur des citernes disposées selon le principe suivi dans les citernes publiques de Dougga: la combinaison de chambres voûtées, juxtaposées longitudinalement et renforcées transversalement par une autre citerne en forme de L. Les trois citernes de largueur variée sont partiellement fouillées, mais conservent sur l’extrados des margelles en calcaire blanc qui se prolongent par des puisards matérialisés par des niches dans la paroi ouest. Le contrefort de l’angle sud-est favorise l’hypothèse de la présence d’une quatrième citerne (cf. sites 49, 63 et 178). L’établissement a eu deux presses. La première, située à l’ouest du corps central de la ferme au-dessus des citernes, conserve un contrepoids de 1,80 m de longueur (cf. site 189) aux encoches creusées plus profondément dans la partie inferieure (de Vos 2007, 54, fig. 12a-b) et un bloc d’ancrage amorcé dans un pavement en mosaïque blanche. La seconde dans le secteur nord-est, comprend un petit fragment d’une maie à rigole circulaire in situ et un bloc d’ancrage déplacé au côté nord. Le contrepoids long de 1,80 m est le plus long dans la zone prospectée. Le contrepoids du site189 (situé sur le versant nord de la même vallée) a une longueur de 1,79 m. La meta de lave rouge importée de Mulargia (Sardaigne), trouvée sur le site, pourrait servir, à la fois, à compacter les olives et / ou moudre les céréales.

Une Mzara est installée sous un arbre au milieu de la ferme. Les tombes du cimetière musulman qui s’est développé dans la section est de la colline, ont été violées récemment. Les crânes et les squelettes ont été jetés dans les citernes. Les corps étaient enterrés dans des fosses renforcées par des murs en pierres sèches et couvertes de dalles en calcaire. Chaque tombe est couverte d’un petit monticule, mis en évidence par une rangée de pierres. Des sépultures similaires ont été trouvées au cimetière autour de la Mzara de Sidi Bou Afia (site 65). L’une des tombes violées a été couverte d’une stèle anépigraphe, décorée d’un bas-relief représentant un sacrifice à Saturne. La stèle érigée à l’occasion d’un sacrifice à Saturne, représente la façade du temple du dieu présent, au centre du fronton, en forme d’une pomme de pin flanquée de deux fleurs de lotus dans les coins (de Vos, Attoui 2011, 34, 47-8, fig. 12). Le palmier avec deux grappes de dattes symétriques figurant sur le même axe dans le registre inférieur répresente l’arbre de vie, symbole de la fertilité et de la fécondité, d’origine orientale ainsi que les lotus égyptiens et le bélier, qui est une image dérivée d’Ammon de Thèbes, attesté à partir de la fin du IIIe millénaire et diffusé à partir du VIe s. AEC par l’oracle de Sioua. Aux deux côtés de la palme sont représentés les dons typiques des zones rurales: un gâteau rhomboïdal au miel et une guirlande pliée en forme de lyre qui apparaît dans trois répliques sur les stèles d’Uchi Maius (Uchi Maius 2, p. 30), de Mustis et de Thibar (Toutain 1905, Pl. IX 3). La stèle de Mustis a été trouvée près d’un autel dédié aux Severi (208-211) et à Frugifer. Le site 329 est, en fait, à 6 km de cette ville et à 700 m de la communauté pérégrine civitas Geum [---] (site 169). Saturne est considéré comme l’inventeur de la technique de l’extraction du miel selon Macrobe (Sat. 1.7). En effet, Magon a écrit sur l’apiculture, comme nous le savons par Varron r.r. 3.2.13 et Columelle 9.8.1-4. La production de miel dans la zone est attestée dans l’inscription (CIL 8.25902) de l’époque de Trajan, trouvée à la Villa Magna Variana id est Mapalia Siga, à l’henchir Mettich, 24 km au nord de Dougga, sur la colline au nord du confluent de l’oued Khalled dans la Medjerda. L’inscription se concentre en détail sur l’apiculture, décrivant les pénalités d’éventuelle fraude lors du déplacement des ruches à l’extérieur du fond, le sixième de miel par ruche que le colon est tenu à donner au propriétaire et l’exemption de la production des premières cinq ruches. Le gâteau au miel, makrout, est une délice encore produite dans le Maghreb. Saturne est la divinité la plus populaire en Afrique du Nord pendant l’époque impériale, il est présent en particulier dans les zones rurales, où la foule de ses fidèles consistait de la population rurale aux moyens modestes surtout celle d’origine africaine. Il y a une correspondance claire entre les cartes de répartition de la stèle de Saturne et la carte de la de céréaliculture et des saltus impériaux et privés. À Thugga ville on suppose que le culte de Saturne a joué un rôle unificateur entre pérégrins et cives Romains: le forum de Thugga sous Tibère accueillait une aedes Saturni offerte par le patron du pagus et sous Claude le culte impérial est partagé expressément au même autel par les membres des deux communautés (Kallala 2000). L’ancien sanctuaire monumentalisé dans l’ère des Sévères était au bord de la ville, au-dessus de la zone sacrée précédemment occupée par environ 200 stèles portant des inscriptions dédiées à Saturne et stockées dans les souterrains consistant de 149 stèles puniques et néo-puniques d’un sanctuaire antérieur avec des dédicaces à Baal-Hammon, datant du IIe s. AEC au IIe s. EC). Celui-ci avec les dédicaces tournant le dos à la ville et la façade orientée sur le paysage de la vallée de Khalled, comme certains autres sanctuaires ont servi à souligner la relation villecampagne. L’enceinte significative à 1 km de la ville de Thignica qui comportait 538 stèles dédicatoires à Saturne (Leglay 1961, 125-6), est la troisième plus grande de l’Afrique du Nord: Carthage en a plus d’un millier et ElHofra à Constantine, plus de 700. Les offrants de ces stèles sont presque exclusivement des prêtres et des paysans essentiellement d’origine africaine.

Mobilier Meta en lave rouge de Mulargia.

Citations site

de Vos and Attoui 2013, 114.

Bibliographie

de Vos, M. and R. Attoui (2013). Rus Africum. Tome I: Le paysage rural antique autour de Dougga et Téboursouk: cartographie, relévés et chronologie des établissements. Bibliotheca Archaeologica, 30. Bari: Edipuglia. Bibtex

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